A 8h50 du matin, en sortant du métro par la sortie de Gezi Park, je saluais quotidiennement le cireur de chaussure au sourire contagieux installé à l’entrée du parc. Je jetais toujours un oeil au policier du coin, toujours au même endroit en train de donner des directions aux touristes perdus. Puis, je passais devant le Asli Borek, le Tekel et Marmaris Büfe avant d’entrer dans le hall de l’immeuble type ancien.
A midi, avec les collègues, nous sortions dehors, à la découverte de nouvelles adresses dans les arrières rues du quartier. Nous avions également nos petites habitudes comme manger au Café Français du consulat français (devenu Bistrot Français, que je recommande vivement!), au Faros Restaurant ou à Polo pour les grandes occasions type anniversaire. Lorsque la météo nous le permettait, nous prenions des plats ou sandwichs à emporter et déjeunions sur la pelouse du parc, tout en regardant les passants. L’atmosphère était vivante, colorée et turque. On avait un fort sentiment d’appartenance à ce lieu qui nous accueillait à bras ouverts.
Puis, les mois ont passé, et mon lieu de travail a déménagé. Après les événements de Gezi de l’été 2013, nous ne voulions pas quitter l’endroit, nous voulions rester à son chevet, au cas où il aurait besoin de nous. Mais ce n’était pas notre décision et nous sommes partis.
Je vous raconte un temps qui, selon moi est révolu. Je ne rentrerais pas dans le cliché irrationnel du “c’était mieux avant” mais je dois avouer que j’ai vu les environs de Taksim et d’Istiklal sous de meilleurs jours. Il est maintenant très rare que je m’y rends par plaisir. J’y mets les pieds uniquement pour aller au consulat (et/ou au Bistrot Français du consulat), aller dans ses musées, passages ou galeries d’art du coin et puis c’est tout. J’essaie d’y rester le moins de temps possible et je privilégie les quartiers voisins comme Galata, Besiktas ou Cihangir.
Pourquoi?
Dans les lignes suivantes vous trouverez les raisons personnelles de mon abandon de Taksim au profit d’autres quartiers d’Istanbul:
J’ai la flemme
J’ai toujours habité dans la partie asiatique d’Istanbul et Taksim est toujours à environ 1h de mon logement. Du coup, j’ai toujours privilégié de découvrir les quartiers proches de chez moi. Et après 6 ans à Istanbul, je peux vous dire que l’Asie est ma maison et je m’y sens merveilleusement bien.
Je ne m’y sens plus aussi bien
Je m’y ennuie
Mes lieux favoris comme les bars d’Asmali Mescit, les bars en terrasse, les cafés abordables, les boutiques locales ont fermé ! Les cinémas, le Bowling également. Heureusement, il reste encore quelques passages intéressants pour faire du shopping mais en règle général, je ne m’y amuse plus. J’ai peut-être vieilli ou alors je ne connais plus les endroits “branchés” peut-être mais cela m’étonnerait car je suis toujours à la page. Donnez-moi votre avis si vous connaissez le coin. On s’amuse dans quels lieux à Taksim?
J’ai mal aux yeux
Les rues bétonnées sont effectivement très pratiques mais peu agréables pour la rétine. La grande mosquée qui est en construction me fait bizarre. Beaucoup disent qu’il en fallait une mais pourquoi est-elle aussi grande et imposante? Elle va devenir le pilier de Taksim alors que le pilier de ce lieu devrait rester l’équité des religions et des peuples.
Je proteste
Si vous connaissez Paris, vous savez que toutes les manifestations partent de la place de la Bastille qui est un grand symbole pour le pays, et j’avais l’habitude d’y aller avec mon papa tous les 1er mai. Le droit de manifester est donc très important pour moi. La place de Taksim est l’équivalente de la place de la Bastille, mais à Istanbul. Et malheureusement, dorénavant, on y refuse tout rassemblement. Cela me fait un réel pincement au coeur.
Voilà les raisons pour lesquelles Taksim n’est plus un lieu à ne pas manquer à Istanbul pour moi et croyez-moi, j’écris ses lignes avec beaucoup de nostalgie car cette époque de Taksim me manque…
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