Être végétarien dans le pays des kebabs

by pelin

Quelques années auparavant, discussion avec une amie dans un café de Cihangir:
Moi: Je t’avais déjà dit que je voulais arrêter de manger de la viande depuis quelques temps?
Elle: Ah bon? C’est cool, j’aimerais bien aussi mais c’est pas pour maintenant. En tout cas, bon courage!
Moi: Euh… Comment ça “bon courage”?
Elle: Bahh, tu te doutes bien qu’à Istanbul, c’est un peu compliqué de devenir végétarien. On est dans le pays des kebabs quand même…
Moi: Hein?
Aujourd’hui, octobre 2018, j’habite toujours à Istanbul et je ne mange plus de viande (et donc de kebab!).

Pour revenir un peu en arrière dans la chronologie de mon expérience, mon désir de ne plus manger de viande est survenu un jour lors de mon adolescence (vers mes 14 ou 15 ans) alors que je consommais régulièrement du blanc de poulet. Mon grand frère que j’adore de tout mon coeur (mais qui me menait la vie dure à l’époque) avait pour habitude d’essayer de me dégoûter de certains aliments pour que je les abandonne et qu’il s’en délecte. Ce jour-là, il avait ses vues sur mon blanc de poulet. Il m’a donc raconté l’histoire suivante:
 
Lui:Tu sais Pelin, le blanc de poulet, c’est assez dégueulasse quand on y pense. Tu savais qu’ils mettent toutes les parties du poulet qu’ils n’arrivent pas à vendre, comme les ailes gangreneuse, les os, les pattes ou les organes comme les boyaux, puis ils les mixent ensemble dans un grand mixeur, puis ils passent le rouleau dessus, et ça fait du blanc de poulet.”
 
J’ai vécu un des premiers chocs de ma vie. Il m’avait dégoûté à un tel point que j’avais interdit à ma maman d’en racheter pendant de longs mois. Depuis cette date, j’ai complètement arrêté de consommer de la viande modifiée comme les nuggets, les merguez etc. Moi, il m’en faut peu pour tirer un trait sur certaines choses…
Ensuite, entre mes 20 et 25 ans, je me suis beaucoup renseignée sur le sujet et j’ai regardé de nombreux reportages intéressants mais également dégoûtants sur l’élevage des poulets, l’élevage bovin, la production de lait et d’oeuf etc. Bref, une fois qu’on se met à visionner les documentaires sur le sujet, on a selon moi déjà fait 50% du travail. Toutes ses informations tournaient constamment dans ma tête… et réduisaient beaucoup ma consommation de viande sans pour autant me donner le courage de l’arrêter complètement.
Puis j’ai emménagé à Istanbul à 25 ans et j’ai fait la connaissance des meilleurs restaurants de viande du pays… Et pendant 2 ans, j’ai oublié tous ces documentaires…
Autour de mes 28 ans, il y a donc deux ans, j’ai replacé cette conscience au centre de ma vie et j’ai eu cette discussion du début de l’article avec une amie. Sa réponse a été comme un défi pour moi. Il fallait à tout prix que je solutionne ma tentation de tous ces plats turcs que j’adore mais qui contiennent des aliments que je ne veux plus consommer. Autant vous dire que 70% de la cuisine turque y passe (kofte, lahmacun, kebap, saucisson et j’en passe). C’est très dur dépasser ses barrières mentales lorsqu’on a baigné dedans depuis petit. Il ne me restait plus qu’à sauter le pas et tenter. Ma première tentative était l’hiver dernier. Petit conseil: ne commencez pas un hiver, c’est vraiment difficile. L’été est plus propice à ce type de changement étant donné qu’on mange plus léger.
1ère tentative: Un échec. Pourquoi?
J’étais une vraie amatrice en la question. Je savais très bien pourquoi je voulais arrêter la viande, mais je ne savais pas vraiment comment. Bien que je sois accrocs aux blogs de cuisine végans, je n’avais pas réalisé que ne pas manger de viande en Turquie était une toute autre histoire. Cette décision est très importante (sans trop en faire un drame non plus) et nécessite des ajustements de menu pour ne pas être en manque ou abuser de certains aliments. Mais naïve que je suis, j’ai compensé “les protéines de la viande” avec beaucoup… beaucoup trop de légumineuses. Quasiment à chaque repas ! Conséquence, je me suis brûlée l’estomac.
Il faut savoir une chose sur moi, c’est que je ne vais que très très rarement chez le médecin, uniquement si j’ai quelque chose qui me pourrit la vie. Autrement, je privilégie la médecine alternative ou bien je fais confiance à mon système immunitaire. Mais au bout d’un mois de brûlure, je me doutais qu’il s’agissait d’une gastrite. Je suis donc allée voir un médecin que je considérais bon. Sauf que la seule chose que la bonne femme a pu me dire, c’était que je faisais une erreur en arrêtant la viande car en tant qu’être humain, j’en avais besoin. Rien que ça.! J’étais tellement dégoutée de son avis que je n’ai fait faire aucun test, j’ai juste demandé une ordonance et je suis partie. Mais j’étais assez minée de ce résultat, et j’ai recommancé à consommer de la viande, une à deux fois par semaine seulement.
2ème tentative, c’était la bonne. Yeay !
Il faut dire que j’ai fait un petit stage dans le paradis du véganisme pendant un petit moment cet été: l’île de Koh Phangan en Thailand. Je n’y étais pas allée avec pour projet de devenir végétarienne ou végan, mais je savais que j’y apprendrais beaucoup sur le sujet. Effectivement, j’y ai découvert une chose principale: manger sans viande, ça peut être bon, sans prise de tête et même gourmand! Le tout est de mettre les légumes en scène et de ne pas se prendre la tête au niveau des recettes. Et puis voilà, j’étais une ex-carnivore en quelques semaines ! A mon retour en Turquie, j’ai découvert de nouveaux magasins, de nouveaux restaurants et j’ai trouvé mon bonheur un peu partout. Mais il faut dire que le fait d’avoir amorcer ce nouveau mode de vie dans un lieu où il est totalement accepté par tous a été très bénéfique pour mon succes.

Les labels m’insupportent
Si vous avez bien remarqué, je n’ai pas employé le mot végétarien ou vegan pour décrire ma démarche dans cette description de mon expérience. Le choix de mes mots est très réfléchit car je ne souhaite pas utiliser de labels ! Je ne veux pas qu’on m’appelle végétarienne, ni vegan ou encore autre chose. Je n’appartiens à aucune catégorie et je ne veux pas me restreindre dans mes choix juste parce qu’on m’a apposé un nom sur le front. Je suis Pelin, je choisis de ne pas manger de viande rouge ou blanche, et je ne mange du poisson que très rarement. Ceci est ma situation au 1 octobre 2018. Mais je ne sais pas de quoi demain sera fait.
Le but de cet article est de vous raconter mon cheminement, partager mon expérience et vous montrer qu’il est possible de faire le choix de ne pas manger de viande à Istanbul (et en Turquie)!
Mes objectifs… à mon rythme
J’ai plusieurs objectifs au niveau de mon alimentation. Je souhaite également réduire d’au moins 80% ma consommation de gluten et de produits laitiers. Je suis à mi-chemin pour le moment mais le fromage s’avère être assez difficile. Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à me le dire en commentaire et j’en ferais un article sur le “sans gluten à Istanbul” avec plaisir.
Je mange quoi et où?
Je compte dédier un article complet sur les restaurants végétariens, les bons plans et quoi manger à Istanbul sans consommer de viande, mais je ne sais pas si cela vous intéressera vraiment. Pour m’aider, pourriez-vous me laisser un commentaire si vous pensez devenir ou êtes en train de devenir, ou si vous êtes déjà non carnivore, végétarien, vegan, sans gluten etc.

Anecdote assez ironique: Un garçon de ma classe de 6ème m’avait brillamment trouvé le surnom de “kebab”, dont il était très fière. Il se croyait drôle et avait trouvé un moyen d’oublier son complexe de taille face à moi la grande de la classe en me rabaissant vis à vis de mon origine. Je me demande ce qu’il est devenu… Ce que j’espère pour lui, c’est qu’il a arrêté d’être con en grandissant.
Voilà mon histoire. J’aimerais bien connaitre la vôtre. N’hésitez pas à partager votre avis en commentaire !
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6 comments

Anonyme October 3, 2018 - 10:51 am

���� sans gluten et sans produits laitiers j'ai l impression que c'est un sacré défi en Turquie !!! J'ai hâte que tu nous en racontes plus ! Ici on France il y a énormément d alternatives qui deviennent relativement abordables ces derniers temps, mais je n'ai rien vu de tel en Turquie, ou du moins très cher!

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Anonyme October 3, 2018 - 11:50 am

Bonjour, je suis végétarienne et je sais qu'à İstanbul on peut survivre avec des plats "yalancı" c'est à dire sans viande ni poulet ni poisson et aussi des soupes et autres plats type pide ou börek. Les salades sont très variées et végétariennes pour la plupart. La liste des plats végétariens est assez longue si on prend le temps de creuser un peu. Par exemple les yalancı yaprak sarması, les yalancı köfte, les yalancı börek avec fromages, persil oignon et/ou épinards. Il y'a aussi les pilav de riz ou de bulgur qui peuvent être accompagnés de poischiche ou de légumes. Il y a aussi les ragouts de lentilles et la fameuse fasuliye ( haricots blancs en sauce). Aussi il y a la longue liste des soupes, mercimek, ezogelin, yayla et autres totalement végétariennes. Il y a les pide fromage ou bien fromage oeuf pour ceux qui consomment les oeufs. On peut aussi trouver des dolma végétariennes en sauce. Il y a également les mantı et les makarna végétariennes. Bref on peut survivre à l'aise et sans trop se priver voir même se régaler en étant végétarien à İstanbul. Pour les veganes c'est bien plus compliqué hélas, car le beurre les oeufs et les produits laitiers sont quasi omniprésents dans les plats turcs. Il faut peut être à ce moment là chercher des restaurants vegan mais ils ne doivent pas être nombreux à mon avis.

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http://lenviedebouger.canalblog.com/ October 10, 2018 - 12:01 pm

Bonjour Pelin,
Je n'ai jamais été fan de viande rouge depuis mon enfance. J'en mangeais sous la torture uniquement. Mais quand je pars en Turquie (pays que j'ai découvert il y a 8 ans), en gros une fois par an, je deviens une vraie carnivore. Je me dis toujours que je mange en une semaine ou deux ma ration annuelle habituelle en viande. Il y a deux ans, j'ai emmené ma mère qui a eu du mal avec les plats turcs un peu trop gras pour son estomac fragile. L'année dernière, j'ai emmené ma meilleure amie qui a eu du mal avec des plats quotidiens à base d'agneau. On a eu parfois du mal à trouver des restaurants qui servaient de grandes salades. Cette année, je prévois de passer un mois sur Istanbul. Ma mère m'y accompagnera au cours des trois première semaines et ma meilleure amie me rejoindra plus tard. Donc, ton article m'intéressera énormément. Pour elles qui ont du mal avec les plats turcs et pour moi aussi qui aurai besoin de temps en temps de faire un repas composé uniquement de légumes.
Merci de tous les tuyaux que je récupère sur ton site.
Maha.

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Lotus Transport November 10, 2018 - 2:48 pm

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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HH ! December 15, 2018 - 7:33 pm

Bonjour Pelin (j'adore ce nom:-),
Je viens de découvrir ton blog et j'aime beaucoup te lire. Je vais te lire régulièrement. J'aimerais à l'avenir passer un mois ou plus en Turquie, seule, avec mon chat… J'habite en Allemagne.
Pour ton sujet, l'abandon de la viande. Je suis passée par là, long processus de plusieurs années. Il y a des caps à passer. Et puis survient ce jour où il est impossible de retourner en arrière. Même si l'envie revenait face à une odeur par ex: on ne peut plus le mettre dans la bouche. C'est juste impossible. Ce serait comme bouffer de la mort. Moi quand je vois un poisson sur l'étalage d'un poissonnier, j'ai envie de pleurer. Je t'ai tout dit.
Le secret? Il n'y en a pas. Seule l'amour sincère des animaux dans notre coeur fait que l'on renonce, tout doucement. ça se fait tout seul.
Merci pour ton blog.

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Marine November 26, 2019 - 6:13 pm

Bonjour Pelin !
Tout d'abord merci pour ce blog, une très belle découverte pour moi qui m'apprête à m'installer sur Istanbul avec mon copain (qui est à moitié turc) 🙂
Perso ça m'intéresserait énormément si tu décides de faire un article sur comment "bien vivre son végétarisme/véganisme" à Istanbul, je mange encore de la viande mais depuis plusieurs année maintenant j'essaye de la limiter, j'ai même tenu 6 mois sans en consommer… puis j'ai re-craqué. Pour le moment je n'arrive pas à arrêter complètement. Mais plus le temps passe et plus je culpabilise quand je pense à l'animal qui est dans mon assiette.. C'est pourquoi je compte me tourner de plus en plus sur des plats végétariens lorsque je serai sur Istanbul (ce qui sera je pense plus facile qu'ici au final car les odeurs de viande de moutons sont particulièrement fortent là-bas et me dégoûte carrément..) et espère faire de belle trouvailles de recettes bien gourmandes ! Tout ça pour dire que si tu décides d'en faire un article en apportant tes connaissances à ce sujet je serai la 1ère à le lire et surement pas la seule intéressée !
J'ai vu également que tu allais donner des cours de respiration sur Istanbul, le 30 novembre si je me trompe pas, je ne pourrai pas y assister car je viendrai en Turquie que début décembre mais sache que j'espère que tu en fera d'autre car je suis très intéressée ! Bref ce que tu fais est top et j'aime beaucoup tes philosophie de vie 🙂 Hoşça kal !
Marine

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